Un parfum de drame accompagna déjà sa remise en forme, le plus gros de mon travail pour préparer la nouvelle édition consista à mettre à jour la nécrologie... Un grand nombre des acteurs ayant accompagné Louis durant sa carrière ayant disparu dans l'intervalle, à commencer par l'immense Michel Galabru.
Mais bizarrement, ce livre faillit me coûter la vie.

Contre toute attente, je lui proposais "Monsieur Leguignon lampiste", un film de Maurice Labro qui serait totalement oublié si Louis de Funès n'y faisait pas une brève apparition. J'écrivais : "Louis de Funès interprète ici un voisin irascible, soupçonneux et – disons le – pas bien futé, créant l’un des archétypes qu’il répétera au fil des films de ses années là. Quelques scènes le mettent en présence avec un autre habitant du quartier, interprété par Paul Mercey, le futur curé grimaçant du Gendarme se marie. Quant à Jean Carmet, il porte ici l’uniforme de gardien de la paix.
Monsieur Leguignon lampiste, malgré ses incommensurables défauts devrait être vu et revu, comme un document sur la crise du logement et sur les débuts de jeunes comédiens appelés à de belles carrières." Car ce film un peu bébête décrivait avec justesse la situation des mal-logés vers 1950, encore victimes de la crise de l'après-guerre, alors même que l'Abbé Pierre allait faire son célèbre appel...
J'intervins donc à la cinémathèque de Grenoble, qui décida de rassembler les textes de la série d'interventions présentées lors de son cycle "traversée urbaine" dans un ouvrage édité par Métis Presses en septembre 2015.
Et nous y voila!
Cet ouvrage fut présenté un funeste soir de novembre 2015 dans une librairie de la rue de Charonne à Paris, en présence de tous les auteurs. La séance commença vers 18 heures, nous l'avons quitté, ma femme et moi aux alentours de 20 heures en remontant la rue... Quelques minutes plus tard des assassins mitraillaient les terrasses à quelques dizaines de mètres du lieu de la soirée.
Souvenir à jamais terrifiant.