dimanche 27 septembre 2009

Le collectionneur de drapeaux...


L'un de mes livres de chevet - en l'occurence un de mes "livres de WC", puisque c'est aux toilettes que l'on rencontre désormais ce genre d'ouvrages - est un essai rigolo de l'écrivain, oulipien et peintre Henri Cueco : Le Collectionneur de collection. Il y décrit ses monomanies.

Nous en partageons quelques unes.

Ainsi il collectionne les drapeaux, depuis que ses parents à la veille de la Libération se mirent à fabriquer à la chaine les drapeaux des pays vainqueurs, pour pavoiser le village le jour venu.

Ma propre passion me vient d'un acte manqué. J'ai failli voler le drapeau français de la SEITA. Je travaillais dans les combles de la Société d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes, dans une usine située à Lyon, près de la gare de la Part-Dieu. On y fabriquait les Gauloises Bleues... Le travail le plus délicieux de ma vie : je devais alimenter les machines en tabac frais en en jetant - à la fourche !!! - la bonne quantité dans des trous percés dans le sol de l'immense grenier où je glandais. Car cela ne m'occupait que cinq bonnes minutes par heure, pas plus.

Le reste du temps je lisais ou je fouinais. C'est comme ça que j'avais trouvé le beau drapeau français que l'on accrochait à la façade de l'usine le 14 juillet ou le 8 mais, et songé à le voler, et pas osé !

Depuis l'idée a fait son chemin, je me rattrape en achetant des drapeaux ici ou là, ceux des pays que nous visitons - come le drapeau grec qui flotte à l'arrère des ferries - mais aussi quelques drapeaux particuliers, comme le Pace italien des manifs contre la guerre en Irak, où un Union Jack rose, confectionné par les gay anglais lors de la Gay-Pride 2009

La perle de la collection est un immense drapeau Occitan, acheté dans une brocante héraultaise alors qu'il était réduit à l'état d'un tas de chiffon sous la pluie.
Ce symbole de la lutte du sud de la France contre l'impérialisme du nord occupe évidemment le mur de nos toilettes.

Mais je regretterais toujours de ne pas avoir volé le drapeau de la Seita. Depuis l'usine lyonnaise a été transformée en université. Ce drapeau bleu-blanc-rouge, de symbole nationaliste qu'il était, aurait désormais une autre valeur, celui de souvenir du temps où l'on installait des usines fabricant des cigarettes brunes au centre des villes. Seuls des rebelles nihilistes et de surcroît inconscients pourraient imaginer un truc pareil aujourd'hui...