jeudi 24 septembre 2009

Marcel Proust au bordel rue de l'Arcade...


La revue Lire publie un magnifique Hors série intitulé "A la recherche de Marcel Proust". Je souhaite apporter ma pierre à l'édifice en rappelant son goût pour les amours tarifées.

Marcel Proust fréquentait un établissement de bain, au n°11de la rue de l’Arcade, dont la principale activité relevait de la prostitution homosexuelle. L’écrivain Marcel Jouhandeau a noté dans ses carnets les confidences d’un jeune prostitué des lieux qui eut Marcel pour client. La maison était équipée d’une sorte de salle discrète d’où, grâce à une vitre sans tain, on pouvait voir sans être vu. « Cela servait à tout le monde , mais quand Marcel venait c’était arrangé exprès pour lui. (…) Il désignait son partenaire et montait. Au bout d’un quart d’heure, je frappais, j’entrais et je trouvais Marcel déjà couché ».

Marcel Proust avait aidé à l’installation de cet établissement en participant à son acquisition avec Albert le Cuizat – ancien valet de pied du prince Radziwill et du duc de Rohan - que l’on retrouve dans La Recherche du Temps perdus sous le nom de Jupien. Avant d’être le propriétaire de l’établissement de la rue de l’Arcade, le Cuziat posséda un sauna rue Godot-deMauroy, « Les bains du ballon d’Alsace ».

L’écrivain Maurice Sachs, dans ses sulfureuses mémoires intitulées Le Sabbat, décrit l’établissement « qui, sous couvert d’un commerce de bains, dissimulait celui des prostitués mâles, garçons assez veules, trop paresseux pour chercher un travail régulier, et qui gagnaient l’argent qu’ils rapportaient à leurs femmes en couchant avec des hommes… » La visite commence : « C’était un étrange établissement (…) cour pavée, décorée de lauriers en caisse et de troènes comme celle d’un presbytère, avec un petit perron de quatre marches, l’étroite marquise et le mot Bains sur la porte vitrée. » Dans l’entrée, on trouvait encore vers 1935 quelques meubles légués par Marcel Proust à son ami Albert. Le Cuziat eut des difficultés avec la justice vers 1917. Proust se facha avec lui par jalousie, les deux hommes convoitant un certain André, concierge du lupanar de la rue de l’Arcade.