samedi 30 mai 2020

2008 Top à Philippe Gildas


En 2008, nous publions chez Hors Collections un livre consacré à l'histoire du Top 50 et des dizaines de chanteurs qui furent découverts grâce à l'émission de Canal +. J'ai eu l'occasion le grand plaisir de rencontrer Philippe Gildas qui accepta d'en écrire la préface.


Philippe Gildas, homme de radio et de télévision fut "l'inventeur du Top 50"

 « En 1982, je suis devenu directeur de l'information et des programmes d'Europe 1… Avec mon collaborateur Albert Emsallem, nous avons aussitôt découvert un curieux phénomène : nous étions harcelés par des producteurs de disques qui nous reprochaient de ne pas passer les chansons de leurs poulains à l'antenne, alors que selon eux "ils étaient numéro 1 des ventes". Il y avait autant de numéros 1 que de producteurs… Pierre Lescure, était alors mon conseiller musical. C'est déjà grâce à lui que j'avais compris dès les années 60 que ce qui se passait dans l'univers de la musique - les Beatles, la pop - relevait aussi de l'information et que la séparation entre musique et news n'avait pas de sens. Il m'a expliqué qu'il était quasiment impossible d'obtenir un classement fiable des ventes de disques. La seule façon de savoir qui vendait et combien était alors les comptes de la Sacem – connus avec deux ans de retard… Pierre Lescure m'a suggéré d'imiter ce qui se passait en Angleterre avec Top of the Pops : diffuser à l'antenne d'Europe 1 une émission divulgant un classement fondé sur les ventes réels de disques. Il fallut ensuite un an ½ de préparation pour créer le Top. Nous avons décidé de faire fusionner les informations issues de deux modes de comptages effectués par deux instituts concurrents : IPSOS décomptant les ventes chez les disquaires et Nielsen dans les hypermarchés. Une des premières leçons du Top fut que les disquaires avaient du souci à se faire, la part de marché des hypers augmentant à une vitesse grand V….
La chance a voulu que durant cette préparation Pierre Lescure devienne directeur des programmes de Canal +. Le Top 50 également proposé en clair sur la nouvelle chaîne allait devenir rapidement l'un de ses programmes phares. Ce fut une révolution, un scandale, avant même la première diffusion ! Les maisons de disque affirmèrent que nous truquions les enquêtes, nous menacèrent de procès… Nous n'aurions jamais vu le jour sans le soutien de deux des principales maisons de disques françaises, Polygram et Virgin France, qui on poussé le syndicat à accepter. Mais lors de la publication du premier classement le choc fut surtout brutal pour les producteurs. Songez que jusqu'alors Johnny Stark avait réussi à maintenir la légende de Mireille Matthieu « première des ventes ». Le Top a eu aussitôt un effet que nous n'avions pas prévu : ceux qui arrivaient en tête y étaient confortés et leurs ventes se démultipliaient, en particulier dans les grandes surfaces. Le Top a vite tout influencé : les play-listes des radios, la production de disques clonant ce qui avait déjà fait un succès… Il a eu surtout une influence importante sur la production de clip. Les 45 tours arrivant en tête devaient avoir un clip, personne ne pouvant se permettre de snober le Top. Et puis très vite c'est devenu le contraire, tout le monde espérait être dans le Top et se lançait dans la production de clips pharamineux qui restaient dans les boites faute de vente… Mais surtout le Top a servi de révélateur à de nouveaux talents : Peter et Sloane étaient parmi les premiers, mais les Rita Mitsouko aussi ! Ils étaient jusqu'alors considérés comme des marginaux, la deuxième place de Marcia Baila au Top, démontra qu'ils vendaient énormément. Le Top participa à leur découverte par le grand public, comme à celle de la plupart des chanteurs qui ont fait carrière depuis ». Philippe Gildas

Ce livre m'a permis de faire la connaissance de l'équipe des matinales de Bel RTL et de leur animateur vedette Jean-Michel Zecca. J'ai eu depuis souvent l'occasion de me rendre régulièrement à Bruxelles pour participer à ces émissions de jeux, avec le plaisir de rencontrer techniciens et animateurs d'une radio sans trop de prétention, mais toujours sympathique.

2006 - la rencontre Studio Canal et Hors Collection

Quelques rencontres ont sans doute durablement influé sur le cours de ma vie. Il y a bien sûr l'équipe de la Musardine, il y a aussi Isabelle Lerein, la directrice du pôle pop culture des éditions Hors Collection qui m'a associé à tous ses projets les plus farfelus. et je lui en rend grâce.<
En 2006, en collaboration avec Studio Canal, elle lance une collection intitulée Le livre du tournage + le film dont elle me demande évidemment de rédiger "le livre du tournage". Il s'agit de livrets d'une quarantaine de pages qui me permettent de donner des renseignements sur l'intrigue, l'ambiance et le casting des films présentés. Il y en aura en tout et pour tout huit. Parlons aussi de ceux qui ne furent pas publiés, j'ai ainsi beaucoup travaillé sur l'oeuvre d'Agatha Christie transposée au cinéma, en relisant des dizaines d'Hercule Poirot et  de Miss MArple, mais seul Le crime de l'Orient express fut publié. Nous avons également écrit en personne à monsieur Clint Eastwood, Hollywood, California, pour obtenir les droits de Million dollars baby, mais en vain...
La collection se composa donc de:

Charade de Stanley Donnen
Basic Instinct de Paul Verhoeven
Le Crime de l'Orient Express de Sydney Lumet
La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock
Billy Elliot de Stephen Daldry
Monty Python sacré Graal de Terry Gilliam et Terry Jones
L'Auberge espagnol de Cédric Klapisch
et
Arsenic et vieilles dentelles de Frank Capra

Pour donner une idée du ton de ces livrets voici le début de l'introduction d'Arsenic...

Les Taties flingueuses
"Comme elles sont charmantes ces deux petites vieilles dames !
Leur maison vénérable, installée aux pieds du Pont de Brooklyn, est véritablement la maison du Bon Dieu. La pancarte "chambre à louer"qui en décore la barrière est trompeuse. Ici, les vieux messieurs qui s’y installent ne paient ni le gîte, ni le couvert… ni la boisson, surtout pas la boisson ! Tout est compris, et d’ailleurs ils ne restent jamais bien longtemps. Le comportement des demoiselles Brewster fait l’admiration du voisinage, du révérend Harper qui habite juste en face, de l’autre côté du cimetière, comme des agents de la police new-yorkaise pour qui, la ronde dans le vieux Brooklyn, autour de la maison des deux sœurs, est la plus tranquille de la ville.
Pas pour longtemps, car le jour même de son mariage, Mortimer Brewster, leur neveu, découvre l’inimaginable : ses deux charmantes tantines sont des criminelles. Elles empoisonnent leurs vieux locataires avec un mélange de vin de mûre, d’arsenic, de strychnine, sans oublier une « pincée de cyanure ». Ô elles tuent pour de bonnes raisons – selon leurs critères ! Elles pensant ainsi rendre service à de pauvres gens sans familles, et jamais elles ne pourraient oublier d’organiser un petit office religieux, dans la cave."

Cedric Klapisch tiqua un peu en lisant mon texte, trouvant que j'ironisais un peu trop sur les capacités intellectuelles de l'un des personnages, mais ne demanda aucune correction. La classe;
La diffusion de la collection fut l'occasion d'une projection dans les sous-sol du Hard Rock Café des Champs-Elysées. 

vendredi 22 mai 2020

L'histoire de la collection Osez... racontée par la Voix du X

Le 13 septembre 2016, je donnais l’interview suivante au magazine La Voix du X

La Musardine, vous connaissez ? C’est LA librairie/maison d’édition érotique incontournable qui parle de sexe sous toutes ses formes : romans, essais, bandes dessinées, livres d’histoire ou de photos, hétéro, gay, trans… Des milliers de références pour vous ouvrir au monde de l’érotisme et de la pornographie. La Musardine est entre autres à l’origine d’un succès de librairie national : la collection des guides sexuels Osez.
Les grandes plumes de la coquinerie pour des guides très ludiques La collection Osez décline des conseils simples et décomplexés en matière de sexualité dans des petits guides thématiques comme Osez la bisexualité, Osez le massage tantrique, Osez les aphrodisiaques, Osez le libertinage, Osez le strip-tease… De 128 à 276 pages en moyenne, ces livrets reprennent les grands thèmes de notre sexualité et proposent, par exemple, de répondre à toutes nos questions sur les différentes variantes du libertinage. Pratiques et simples à lire, vous y trouverez une mine d’informations et de conseils ludiques et faciles à mettre en pratique. Le succès passe aussi par la qualité du traitement de tous ces sujets techniques par des plumes elles-mêmes reconnues comme :
– Violetta Carpentier, stripteaseuse
– Marc Dannam,écrivain
– Octavie Delvaux, auteure de Sex in the kitchen,
– Pierre des Essaintes, journaliste spécialisé dans la sexualité,
– Gala Fur, dominatrice et cinéaste,
– Jane Hunt, la chasseuse d’hommes,
– Brigitte Lahaie, actrice, animatrice de radio et écrivaine,
– Axel Léotard, photographe et militant de la cause transsexuelle,
– Etienne Liebig, écrivain et polémiste,
– Maïa Mazaurette, bloggueuse « sexe » et écrivaine,
– Marie Minelli, bloggueuse et journaliste,
– Raphaël Moreno,
– Paul Parant, journaliste au feu mensuel Têtu,
– Erik Rémès, écrivain et journaliste,
– Coralie Trinh Thi, actrice réalisatrice et écrivaine,
– Servane Vergy, experte du sexe,
 – Ovidie, actrice, réalisatrice, bloggueuse et écrivaine…
Des experts de la coquinerie qui nous décortiquent les évolutions, les tendances, les conseils pratiques résultant souvent d’une grande expérience sur le terrain. Quelques dates-clés La société, fondée en 1980, fêtera ses 36 ans en décembre prochain. Sa librairie, ouverte en septembre 1995 pour ses 15 ans, réunit des milliers de lecteurs depuis 21 ans. Sa maison d’édition, lancée l’année suivante, fête ses 20 ans cette année. Les derniers chiffres Pour les 10 ans de sa collection en 2014, le catalogue comportait 65 titres, vendus à 650 000 exemplaires, soit une moyenne de 10 000 exemplaires par titre, avec 10 titres dépassant les 20 000 exemplaires. Un record pour Osez tout savoir sur la fellation (60 000 exemplaires écoulés) suivi du Kama Sutra avec 50 000 ventes, puis de notre bonne vieille sodomie avec plus de 40 000 guides vendus. Autant dire que c’est un véritable plébiscite pour une collection qui s’habille en toute simplicité de petits dessins humoristiques, signés Arthur de Pins et Happy Chikubi pour la couverture et Axterdam pour les dessins intérieurs, qui permettent de lire ce petit recueil dans le métro sans s’afficher comme un gros pervers. Les personnages tout en rondeur, en effet, illustrent les thèmes en reproduisant des positions coquines et scabreuses. Bref, le cadeau idéal pour l’anniversaire de vos amis les plus ouverts.

Marc Dannam, directeur de la collection, nous éclaire un peu plus sur ce succès.
Quel est votre rôle à La Musardine ? 
J’ai osé inventer le concept de cette collection que je dirige depuis douze ans. J’ai également publié un grand nombre de livres en tous genres sous diverses identités [Marc a travaillé notamment avec plus de dix maisons d’éditions différentes, ndlr]. Mon Guide historique du Paris libertin est sorti le 22 octobre dernier. Avec ses nombreuses plumes, on sent un fil rouge, un esprit et un humour dans la pédagogie propre à la collection.
Comment définiriez-vous ce qui rassemble les différents auteurs d’Osez ? 
Notre collection se veut libertaire, libertine et féministe. Et détendue… ni pontifiante ni culpabilisante. Nos livres s’adressent aussi bien aux filles et aux garçons, aux hétéros, aux bis et aux gays… Chacun traite d’un aspect précis de la sexualité, avec un ton à la fois didactique et cool, et considère comme acquis que la sexualité est une affaire privée et que toutes les pratiques sont licites dès lors qu’elles concernent des adultes consentants.
Que conseilleriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait écrire pour votre collection ? 
Les sujets commencent à s’épuiser, mais il est toujours possible d’innover. Il suffit d’une idée originale, un sujet que nous n’avons pas encore traité, un nouvel angle pour évoquer la sexualité… Ne pas envoyer de textes en entier, nous préférons travailler à partir de propositions présentées sous forme de synopsis et de plans très structurés. Un numéro-anniversaire pour les 10 ans La collection Osez a fêté ses 10 ans en 2014, en sortant un opus récapitulatif Tout Osez : Sexe, avez-vous tout essayé ? qui vous propose de parcourir les différents thèmes, sur un ou deux chapitres qui répondent à la question « Avez-vous osé… ? ». Kama Sutra, sextoys, masturbation, BDSM, massages, lingerie érotique, sexe tantrique… De quoi vous donner des idées, vous faire réviser quelques bases, ouvrir de nouvelles pistes de réflexion… et, bien sûr, d’expérimentation ! Un succès international Fort de leur succès, nos petits guides qui osent parler de tout sans tabou sont traduits en 7 langues : allemand, américain, espagnol, italien, portugais, roumain et suédois. De quoi décupler le plaisir dans toutes les langues.
Récapitulatif Depuis deux ans, tous les guides sont disponibles en version numérique, les rendant ainsi encore un peu plus accessibles, pour les lire en toute discrétion sur vos tablettes. Même si ces livres sont très peu chers : autour de 8 euros à feuilleter en version papier et 5 euros à faire glisser sur votre écran.
On en trouve souvent quelques-uns dans tous les love-stores, mais attention aux contrefaçons, pour les plus férus, voici la vraie collection.
Osez… 52 scénarios de week-ends érotiques
Osez… 102 scénarios érotiques
Osez… 222 cadeaux sexy à offrir à votre amoureux
Osez… 1001 secrets érotiques
Osez… l’amour après 60 ans
Osez… l’amour au bureau
Osez… l’amour des rondes
Osez… l’amour pendant la grossesse
Osez… les aphrodisiaques
Osez… la bisexualité Osez… le bondage
Osez… booster votre libido
Osez… cahiers de vacances érotiques 1
Osez… changer de sexe
Osez… la chasse à l’homme
Osez… les conseils d’un gay pour faire l’amour à un homme
Osez… les conseils d’un sexologue pour maîtriser votre éjaculation
Osez… les conseils d’une lesbienne pour faire l’amour à une femme
Osez… coucher pour réussir
Osez… le cunnilingus
Osez… découvrir le point G
Osez… devenir une bête de sexe
Osez… devenir une femme multiorgasmique
Osez… la drague et le sexe gay
Osez… dresser votre mari
Osez… l’échangisme
Osez… être une maman sexy
Osez… faire l’amour à 2, 3, 4…
Osez… faire l’amour à Paris
Osez… faire l’amour partout sauf dans un lit
Osez… faire votre coming out
Osez… la fessée
Osez… l’infidélité
Osez… les jeux de domination et de soumission
Osez… les jeux érotiques
Osez… le Kama Sutra
Osez… une leçon de fellation
Osez… le mariage gay et lesbien
Osez… les massages érotiques
Osez… la masturbation féminine
Osez… la masturbation masculine
Osez… les nouveaux jeux érotiques
Osez… une nuit d’amour parfaite
Osez… parler de sexe à vos enfants
Osez… pimenter la sexualité de votre couple
Osez… les plaisirs interdits
Osez… la première fois
Osez… préparer votre corps à l’amour
Osez… le préservatif
Osez… le quick sex
Osez… les rencontres sur Internet
Osez… réussir votre divorce
Osez… réussir votre nuit de noce
Osez… réussir votre vie sexuelle
Osez… les secrets d’une experte du sexe pour devenir l’amant parfait
Osez… les secrets d’une experte du sexe pour que l’amour dure toujours
Osez… les secrets d’une experte du sexe pour rendre un homme fou de plaisir
Osez… le sexe tantrique
Osez… le sexe selon les astres
Osez… les sexfriends
Osez… les sextoys
Osez… la sodomie
Osez… le strip-tease
Osez… tourner votre film X
Osez… tout savoir sur la fellation
Peut-on être romantique en levrette ?

Plus d’infos : Librairie érotique La Musardine 122, rue du Chemin Vert 75011 Paris www.lamusardine.com

Il n'y a pas eu à ce jour de bilan plus complet de ce qu'est la collection Osez... mon bébé.

jeudi 21 mai 2020

Trois belles conneries, mes "petits dicos" chez City Edition

Je ne regrette pas d'voir publié autant de livres... Je n'en regrette aucun. En revanche j'ai commis l'erreur de confier certains d'entre eux à des éditeurs qui n'en n'ont pas fait grand chose, comme ces trois dictionnaires, publiés à partir de 2007. On y trouvait quelques perles que j'aurais aimé voir publiées ailleurs.

Comme ceci:
Comment devenir con… Est-ce que ça s'apprend ? Oui ! affirmait Jean Yanne, auteur de cette remarque insurpassable : "C'est pas possible! Pour être aussi con, t'as appris." Mais comment? Nous conseillons aux apprentis connards de commencer le plus tôt possible. Se faire traiter de "petit con" par ses parents est le gage d'une belle carrière ultérieure de connerie. Qui n'est pas déjà un con à 11 ou 12 ans a peu de chance de le devenir par la suite – à moins d'être tenté par de longues études décérébrantes qui transforme le plus alerte des jeunes étudiants en imbécile pontifiant. Chers parent il est de votre devoir d'aider vos enfants. Aidez les à devenir con en cinq leçons.
2 / Apprenez leur à se comporter comme des cons Le con ne se soucie guère du confort physique, moral et intellectuel de son entourage. Dès la crèche, toujours, le futur con s'entraînera à envahir l'espace vital d'autrui. Encouragez le dans cette voie !


4/ Donnez leur dès le plus jeune âge un bel air con Plus tard ça serait trop tard. Il faut commencer jeune. Un bébé a rarement l'air con, il fa5/ Laissez les jouer au con. Au début c’est un jeu, et puis on se prend au jeu. L'enfance est le moment idéal pour jouer au con, vos conneries passant encore pour des jeux, la plupart d'entre elles pouvant être excusées par votre jeune âge.
Ces livres sont passés complètement inaperçus, sauf peut-être le dictionnaire des injures dont j'ai pu poursuivre la rédaction chez un autre éditeur. J'y reviendrais. De même les textes rassemblés pour mon dico "coquin" ont été la base de certains de mes Osez "culturels" futurs. cela s'appelle se "canibaliser".

Les Bienveillantes décryptées, 2007

A la fin de 2006, Isabelle Lerein, rencontrée lors de la préparation du guide des aventures de Fantômas, version Hunebelle, me fait une étrange proposition, "décrypter" les Bienveillantes, le terrifiant roman de Jonathan Littel.

Les Bienveillantes ! Le roman de l’année, celui qui conquiert les lecteurs et le jury des grands prix littéraire… Ce roman foisonnant, écrit par un homme ayant brassé plus de documentation que bien des auteurs de thèses ou de livres documentaires avant lui, ouvre des abîmes d'incertitudes. Et nous n'évoquons pas là les mystères de la psychologie des bourreaux, qui sont au cœur de l'œuvre romanesque, mais toutes ces informations données au détour d'une phrase - un nom, une ville, un événement… - qui constituent la toile de fond du roman. Notre modeste guide a voulu tenter de répondre à quelques unes des questions que chacun d'entre nous s'est posé au fil des pages - « Qu'est devenu ce personnage, où se trouve cette ville, quel est ce livre, que veut dire ce sigle… » - curiosité que le glossaire se trouvant à la fin de l'édition originale du roman ne suffit pas toujours à satisfaire.

Ce guide n'est pas une œuvre d'historien, l'auteur n'en revendique ni le titre, ni les compétences… mais le carnet de bord d'un lecteur qui, comme vous sans doute, a voulu suivre quelques-unes des pistes entrouvertes par Jonathan Littell. Vous y trouverez beaucoup de dates, de chiffres, de récits d’abominations, la plupart sont déjà présents dans l’œuvre de Littell, éparpillés dans le roman, mais aussi occultés par un personnage qui fait évidemment preuve d’un désintérêt complet pour la réalité des massacres à propos desquels il rédige ses petits rapports. Ce livre me valut de me plonger à mon tour dans une impressionnante et terrifiante documentation - toujours de seconde main, car je n'ai jamais parlé un seul mot d'allemand. Disons -le encore aujourd'hui, je n'avais aucune raison d'être appelée pour me livrer à cette tâche. en revanche j'en avait peut-être eu une sorte d'intuition quelques mois plus tôt, lors d'un voyage à Berlin dont j'avais rapporté quelques livres qui me servirent en permanence.
J'eu une assez mauvaise critique de la part du Nouvel Obs, qui trouva le livre "paresseux" en revanche je fis une télévision dans une émission de Patrice Carmouze en tête à tête avec l'écrivaine Tatiana de Rosnay qui venait de sortir un best-seller mondial, elle s'appelait Sarah. Les Bienveillantes décryptés furent également éditées en collection de poche chez Pocket.

Mais ces Bienveillantes qui étaient-elles ? "Les Bienveillantes ne le sont guère. Le titre du roman de Jonathan Littell fait directement allusion à des divinités grecques, personnages associés d’ordinaire à l’histoire d’Oreste et de la famille des Atrides. Les grecs dénommaient Bienveillantes, par euphémisme, et pour ne pas avoir à prononcer leur véritable nom, certaines des créatures les plus terrifiantes de la mythologie antique, les Erinyes ou Euménides. Ce sont les filles de Gaïa, inséminée par le sperme s'échappant du sexe tranché d'Ouranos. Elles sont au nombre de trois : Mégère, Laecto et Tisphone. Cette dernière donne tout son sens au titre du roman de Jonathan Littell, puisqu'elle est la divinité vengeresse poursuivant les meurtriers. Les Erinyes – qualifiées donc de Bienveillantes – pourchassent les criminels de leur terrible vengeance. Dans la pièce que leur a consacré Eschyle, Les Euménides, troisième et dernière partie de l'Orestie (458 avant JC), nous les voyons traquer Oreste qui vient de tuer sa mère Clytemnestre pour venger son père Agamemnon. Lisons Les Euménides d'Eschyle, dans la traduction de l'édition Herbert Weir Smyth en 1926 - Celle-là même, sans doute, que l’helléniste Max Aue a dû lire au collège. «Nous chassons des demeures ceux qui tuent leurs mères (…) Le sang versé d'une mère demande vengeance, je poursuivrai cet homme comme ferait une chasseresse ! (…) Il est là, blotti quelque part. L'odeur du sang humain me sourit ! (…). Ô dieux ! Le sang d'une mère, une fois versé, est ineffaçable. Il coule et il est absorbé par le sol. Il te faut expier ton crime, il faut que je boive à ton corps vivant la rouge et horrible liqueur ; et, après t'avoir ainsi épuisé, je t'entraînerai sous terre, afin que tu sois châtié du meurtre de ta mère. (…) Quiconque a fait le mal, comme cet homme, et cache des mains sanglantes, nous lui apparaissons, incorruptibles témoins des morts, avec force et puissance, et nous lui faisons payer le sang répandu ! «

mercredi 20 mai 2020

Julien Clerc, Woody Allen et Claude Nougaro

En 2007, les éditions City m'offrent le plaisir d'évoquer l'une des idoles de mon adolescence avec ce livre consacré à Julien Clerc. J'en profitais pour évoquer la première fois que je l'avais entendu en mai 1968.

"Il fut bien étrange ce mois de mai 1968. Vu de province tout semblait confus et lointain, incompréhensible mais gai. Une seule chose pouvait nous distraire de la frustration de ne pas participer réellement aux événements : le transistor diffusait de la musique, et uniquement de la musique la plupart du temps. Et malgré ce silence des journalistes et des animateurs, la radio nous donnait "des nouvelles nouvelles", et nous parlait enfin de "toi et moi". Un jeune homme, à la voix étrange et déjà inimitable, parlait de lui et de nous. " Tiens, vous m’avez appelé Julien ! " s'étonnait-il, avant d'affirmer qu'il "abolirai l'ennui!". Voici le récit forcément édulcoré de sa vie et de sa carrière - de ce qui nous est connu de sa vie, de ce que nous avons suivi, jour après jour de sa carrière. Julien Clerc est l’une des stars de la chanson française, à l’égal de Johnny Hallyday ou Charles Aznavour, mais aussi "juste quelqu'un de bien". Il déclara un jour " Quand j’ai commencé dans la musique, je suis entré dans un rêve dont je ne suis jamais sorti… " Les années ont passé. Par la suite, en 2012 et 2014, les éditions City me permirent de consacrer d'autres livres à des personnages dont j'ai toujours apprécié l'oeuvre ou la personnalité.

Le livre consacré à Woody Allen m'offrit deux occasions d'être confronté à des médias particuliers. Arte me proposa de réaliser une interview audio pour son site internet. La journaliste Annette Gerlach me posa donc des questions qui se retrouvèrent dans les tiroirs de Woody... Sur le site de la chaine une image de la chambre de Woody Allen permettait, lorsqu'on cliquait sur la commode, un miroir ou une penderie d'avoir accès à me réponses sur Woody et New York, Woody et le jazz ou Woody et les femmes.
C'est également à ce sujet, Woody et les femmes, que deux journalistes, charmantes vinrent un jour m'interroger, me faisant parler longuement des personnages féminins des films de Woody Allen, des actrices avec lesquelles il avait tourné, pour finir avec quelques questions pesantes sur sa relation avec sa jeune épouse et son goût pour les Lolita. Quelques semaines plus tard j'ai découvert avec horreur que ces deux filles charmantes travaillaient, sans me l'avoir dit, pour Morandini et une émission consacrée aux "scandales d'Hollywood" et qu'on n'avait conservé que mes réponses concernant ces éventuels scandales. Dont je disais en gros que je ne savais rien...

Un troisième livre, consacré à Claude Nougaro acheva cette belle série. Les éditions City, avec qui j'ai toujours eu des rapports assez distants, me permirent au moins de rendre hommage à quelques amis d'enfance.

dimanche 17 mai 2020

Osez... faire l'amour partout en Europe

Osez... faire l'amour partout sauf dans un lit, le troisième volume de la collection Osez et le premier que j'écrivais sous le pseudonyme de Marc Dannam reposait sur un principe assez simple.A bas la routine !

"En amour, il n’est rien de plus dangereux que l’ennui ! La routine, lorsqu’elle s’installe, est la pire ennemie du couple… Pour retrouver ou conserver l’enthousiasme des premiers jours – et surtout des premières nuits – de votre amour, il ne faudrait pas hésiter à tout changer. Et d’ailleurs aujourd’hui, à l’heure de la liberté sexuelle, toutes les folies semblent permises : les boîtes libertines sont prêtes à abriter vos ébats en compagnie d’inconnus, les nouvelles boutiques érotiques ont en rayon des dizaines d’objets vibrants et de gadgets au service de votre plaisir, et si cela ne suffisait pas à vous distraire vous pouvez toujours changer de partenaire, voire d’orientation sexuelle…"
Mais il y a plus simple, une idée qui semble évidente et à laquelle on songe rarement : changer de décor ! Vous l’avez remarqué déjà durant vos vacances, les week-ends à la campagne où les nuits passées dans une maison inconnue : faire l’amour dans un lieu inhabituel est en soi une expérience troublante, un début d’aventure érotique. Pourquoi ne pas aller plus loin encore ? Et d’abord en quittant simplement le décor habituel de vos ébats. Plus des 9/10 e des rapports sexuels ont lieu dans un lit, le lit conjugal le plus souvent, parfois celui d’une chambre d’hôtel ou d’une relation épisodique, mais un lit. Il faut dire que c’est tellement agréable, tellement bien fait pour ça. Des draps propres, frais, doux, un matelas ni trop dur ni trop mou, qui épouse la courbe des reins de celui des deux partenaires qui se trouve dessous, suffisamment élastique pour que chaque coup porté soit suivi d’un petit rebond délicieux. Le lit, c’est idéal. Mais le monde est immense et votre chambre bien petite. Osez en sortir ! Osez quitter ce lit douillet où vous avez déjà joui lors de centaines d’ébats émouvants. Osez visiter les autres pièces de votre appartement, osez utiliser les meubles les plus divers, essayer les multiples possibilités qu’offrent les lieux publics, les moyens de transport, votre immeuble... osez sortir dans la nature, allez faire l’amour dans l’eau de la mer et des rivières, sur la plage, dans les dunes, en forêt, dans le foin, en montagne, et pourquoi pas, dans la neige. Et vous verrez que ce « changement » là va bouleverser votre vie sexuelle. Osez déjà y penser, nous vous dirons comment oser y parvenir. Ce serait encore plus drôle et excitant si ces escapades érotiques devenaient l’occasion de mettre en scène vos fantasmes..."
Ce livre - l’un des premiers publiés par la collection Osez..., et l’un de ses plus grands succès - va vous donner quelques bons conseils, pas toujours de très bons goûts, parfois même un peu « limites », mais vous allez bien vous amuser, et adieu la routine.
Le guide fut traduit en trois langues, espagnol, portugais et anglais. Dès sa création la collection attira des éditeurs étrangers qui tentèrent avec plus ou moins de constance de l'adapter. Il y eut également des version italiennes, suédoises et roumaines, même si nous n'avons jamais vu un seul exemplaire de cette dernière. J'étais désormais prisonnier d'un pseudonyme, Marc Dannam, choisi en quelques minutes en reprenant le nom de la rue parisienne où j'habitais alors.

Mars 2004, la naissance de la collection Osez..

En janvier 2003, Claude Bard, le directeur des éditions de la Musardine, à la suite de la publication des trois premiers guide de la Musardine du Paris Sexy, me purpose de réfléchir à une collection de guides pratiques érotiques.



Voici ma réponse, rédigée d'une traite le 1er février de cette même année 2003.

Osez est une collection de petits guides explorant tous les domaines de la sexualité, les plus quotidiens comme les plus marginaux ou extravagants. Chaque ouvrage – à la différence de la production habituelle en la matière – ne traite que d'un sujet, le plus précisément possible, et s'inscrit dans une logique de collection encyclopédique. Même si les jeunes couples hétérosexuels sont commercialement la cible principale de la collection, les ouvrages s'adressent indifféremment aux hétéros et aux gays et aux lecteurs de tous âges. Les livres de la collection ne s'embarrassent d'aucun préjugés moraux et d'aucun discours psychologique en dehors d'un principe de base : les pratiques décrites et les conseils donnés ne concernent que des adultes consentants . Les guides doivent offrir une information précise, originale et complète sur le sujet qu'ils traitent.
Le ton est didactique et léger. L'humour des premiers titres parus tient pour beaucoup à une forme de démesure quasiment surréaliste. Osez ose tout : Bavarder doctement de fellation pendant 120 pages, observer les échangistes avec des gourmandises d'ethnologues, expliquer comment faire l'amour dans la cage d'escalier, décrire avec minutie la règle d'une version érotique du jeu de domino, donner des cours de SM comme s'il s'agissait de macramé ou de poterie… Il faut informer le lecteur, mais aussi le surprendre en lui ouvrant des perspectives parfois absurdes ou extravagantes. Les caractéristiques matérielles des guides : format de poche, couvertures colorées, illustrées par Arthur de Pins, illustration possible à l'intérieur, entre 90.000 et 120.000 signes. Le plan des guides n'est pas standardisé, pour l'instant les ouvrages parus se divisent en 10 ou 15 chapitres. La maquette permet des citations, des exemples ou des digressions en hors texte.
Les trois premiers livres de la collections, parus en 2004, annoncent la variété de sujet et de ton qui suivra.

La fellation, de Dino, est l'adaptation par l'auteur d'un guide auto-édité qui donne alors des conseils qu'on pourrait trouver aujourd'hui d'une grande banalité, mais qu'on ne trouvait pas encore réunis dans un guide grand public.

Le livre sur l'échangisme d'Hélène Barbé est le condensé des travaux d'une anthropologue qui passait son temps dans les boites échangistes pour y apporter la bonne parole de la prévention du SIDA, au nom de l'association Couples contre le sida. Le troisième en fin est une sorte de prototype de ce que je pensais devoir publier dans la collection.

Osez faire l'amour partout sauf dans un lit est aujourd'hui encore l'un des Best d'Osez, plusieurs fois réédités, mais dont le succès n'atteint pas celui de la fellation qui flirte avec les 10.000 exemplaires.



Les trois livres ont immédiatement bénéficié de l'aspect bon enfant, moderne et détendu que leur donnait les couvertures signées Arthur de Pins. La Musardine venait d'engager une jeune stagiaire qui en est aujourd'hui la directrice, Anne Cousin, qui depuis son mariage est unanimement connue dans le milieu de l'édition sous le nom de Anne Hautecoeur.

Ensemble quasiment le même jour, nous avions repéré sur internet les travaux d'un jeune graphiste connu depuis pour ses travaux pour Spirou et le dessin animé Zombilenium.



La collection fut assez rapidement remarquée par la presse.
 A la fin de l'année 2005 j'avais donc publié trois des livres qui ont aujourd'hui encore ma préférence, Le guide des lieux cultes du cinéma en France chez Horay, Sur la piste de Fantômas chez Hors Collection, Histoire(s) du Paris libertin à la Musardine et j'étais directeur d'une collection de guides, Osez à la Musardine, dont le succès ne s'est jamais démenti jusqu'à aujourd'hui. Claude Bard, Anne Hautecoeur et moi-même nous étions prêts...

samedi 16 mai 2020

Le Guide des lieux cultes du cinéma en France - 2005

En 2005 parait ce qui est aujourd'hui encore mon plus beau livre, celui dont je suis le plus fier, qui m'a ouvert de nombreuses portes dans le monde du cinéma ou des medias.
Tout a commencé par la rencontre de l'une des grandes éditrices parisiennes, fille elle-même d'un grand éditeur Sophie Horay, dans ces locaux situés à deux pas des Beaux Arts et de l'Académie Française. Elle me fit confiance pour mener à bien une entreprise surhumaine, raconter l'histoire du cinéma en France en décrivant tous les lieux qui lui sont associés.

Dans l'introduction du guide j'en annonçait le propos.

"Le cinéma raconte des histoires, et surtout nous les montre. Rares sont les films dont le décor est sans importance. Reconstitués en studio ou réels, filmés avec talent ou sans recherche apparente, les appartements, les maisons, les paysages, les villes et les villages présentés à l'écran sont aussi essentiels à la qualité d'un film que les acteurs et leur jeu. Nous vous invitons à visiter des lieux qui vous rappelleront des films et à voir des films qui vous rappelleront des lieux. Un parcours idéal au travers de la “France du cinéma” devrait commencer à Lyon, dans une rue tranquille du VIII° arrondissement. Une plaque matérialise l'endroit précis où les frères Lumière posèrent la première caméra pour tourner le premier film, face à l'entrée des usines familiales où quelques dizaines d'ouvriers produisaient des pellicules photographiques. Ce sont eux les premiers acteurs français. Le film nous les présente en train de quitter les ateliers. L’histoire commençait, la France entrait dans le cadre. Aujourd'hui le “hangar du premier film” est une salle de cinéma, et la villa familiale des Lumière un petit musée plein de charme.

"L'ouvrage que vous avez entre les mains n'est en rien une thèse sur les rapports entretenus entre la France, ses villes, ses paysages et le cinéma. Il y aurait beaucoup à dire ! Cela reviendrait sans doute à écrire une nouvelle histoire du cinéma, une histoire régionaliste qui commencerait à Lyon ou dans la gare de la Ciotat, se poursuivrait aux studios de la Victorine ou dans le passage Pommeray à Nantes. Plus modestement voici un guide de voyage destiné aux cinéphiles. La cinéphilie est une névrose dont les effets se subdivisent en une multitude de monomanies diverses, atteignant des hommes et des femmes - plutôt des hommes d’ailleurs - apparemment sains d’esprit. Le culte des listes, des classements, des fiches, évoqué par Serge Toubiana et Antoine de Baecque dans leur biographie de François Truffaut, en est un. Les filmographies de tous les grands et petits maîtres du 7e Art figurent dans les bibliothèques, mais l’important est de les connaître par cœur. La collection, accumulation de faits et d’objets, est un autre versant de la cinéphilie. Liste de titres de films, collection d’images… L’auteur de cet ouvrage, dépourvu de mémoire, habitant un appartement trop exigu pour s’encombrer d’affiche 4x3, même roulées serrées, fait partie de ceux qui ont décidé de se concentrer sur l’une des questions qui reste le moins souvent traitée : Où ? Où sont tournés les films, où se trouvent les studios et les salles de cinémas ? Où sont nés les acteurs ?"

La presse fut assez bienveillante à mon égard. le livre me permit de jouis de quelques plaisirs simple. Ainsi Nagui m'invita dans l'émission de jeux qu'il animait sur RTL le jour même de mon 50ème anniversaire. D'ailleurs j'ai également été invité dans son émission de France Inter le jour de mon anniversaire.
Le regretté Jean-Jacques Bernard chroniqua le livre à l'antenne de Ciné classic...


mercredi 13 mai 2020

Fantômas - 2005

En 2005, je rencontre l'une de celles qui allaient devenir une amie  tout autant qu'une éditrice. Isabelle Lerein qui dirigeait la partie éditoriale pop culture chez Hors Collection. J'avais l'intention de lui proposer un livre sur les gendarmes de Saint-Tropez, et comme il se doit je la quittais après avoir convenu de tout autre chose, un album qui serait intitulé sur la piste de Fantômas.

"Sur la piste "des" Fantômas, au travers de plus de cinquante ans d'incarnation et de réincarnations diverses du génie du crime, nous nous arrêterons longuement en compagnie des personnages des trois films d'André Hunebelle, Fantômas, Fantômas se déchaîne et Fantômas contre Scotland Yard. Longtemps décriés, accusés d'avoir "trahi" le mythe Fantômas, ils nous apparaissent aujourd'hui pour ce qu'ils sont : des films d'aventure trépidants et drôles, jouant du personnage de Fantômas avec désinvolture, apportant leur lot de cocasseries nouvelles à une histoire qui n'en n'a jamais manqué. La trilogie des Fantômas est pour nous aujourd'hui un document étonnant : un monument kitsch à la gloire de la modernité des années 60, un concentré de culture pop à l'usage des jeunes générations, la rencontre détonante entre les grimaces du Gendarme de Saint-Tropez et les décors de James Bond, un conte de fée en technicolor où l'on verra un lit qui roule, un cigare qui tue, un cheval qui parle et une DS volante. Nous rencontrerons surtout les héros immortels du cinéma populaire français : Jean Marais/Fandor bondissant d'un cheval pour attraper la rue d'un avion, Louis de Funès/Juve trépignant, affirmant qu'il y a "un pendu dans sa chambre", Mylène Demongeot/Hélène, vêtue comme une princesse des Mille et une nuits, dansant avec Jean Marais/Fantômas, déguisé en prince touareg… Car c'est bien Toi Fantômas ! Je t'ai reconnu, et je t'aurais Fantômas ! Je t'aurais!!!"

Les images du livre nous avaient été directement offerte par les éditions Gaumont qui le coproduisait.


La publication du livre me permit de faire la connaissance de l'immortelle vedette des Fantômas, Mylène Demongeot. Elle fut pour beaucoup dans la promotion du livre dont elle accepta d'écrire une courte préface.

A l'occasion de l'écriture du livre j'ai également eut l'occasion d'interviewer son décorateur, le frère de Max Douy et l'assistant réalisateur Jean-Pierre Desagnat. J'en ai profité pour lui poser des questions sur les tournages de la série Arsène Lupin dont il était l'un des réalisateurs. L'entretien eut lieu à la terrasse d'un café près du Fouquet's.

Fantômas  m'a entrainé à participer à une étrange aventure, j'ai été contacté par une journaliste russe pour figurer dans un documentaire consacré à l'acteur russe doublant de Funès, Wladimir Erikson.
Voici ci-dessous une photo du tournage. Nous avions procédé à un échange de cadeau avec la journaliste de la chaine Rossia. Je lui avait offert un DVD sur de Funès, elle m'avait donné une petite boite de caviar. le documentaire, intitulé deux contre Fantômas fut diffusé en Russie en octobre 2010.

Par la suite j'ai également participé en 2011 au tournage d'un documentaire réalisé par trois lyonnais Pascal de Maria, Charles Salignat et JEan-Claude Lemeunier, qui m'invitèrent à présenter l'und es épisodes de la série de Louis Feuillade dans un cinéma de Vénissieux. Le tournage de L'Odyssée de Fantômas eut lieux sur les quais de la Seine, face au 36 quai des orfèvres. Quelques années plus tard j'ai présenté ce même épisode de la série de Feuillade à la cinémathèque de Grenoble, au cours d'un programme se composant de trois courts ou moyens métrages.



lundi 11 mai 2020

Jean Gabin dans le siècle

En 2005, je fais la connaissance d’un éditeur bicéphale très curieux… City Editions. Je leur ai envoyé un courrier postal – sans doute – pour leur proposer je ne sais plus quoi. Peut-être un livre sur les Gendarmes de Saint-Tropez. C’était mon truc à l’époque. L’un des deux créateurs de la maison d’édition, Christian English ou Frédéric Thibault m’appelle, visiblement avec une idée derrière la tête. Au bout de quelques minutes de conversation il me dit que son associé et lui – anciens journalistes de Paris Match – possèdent un stock de photos de Gabin qui pourraient faire l’objet d’un livre illustré.
En quelques minutes nait le concept du livre, que résume sa préface.

"Jean Gabin incarne la France, celle du XX° siècle, qui commence avant la guerre de 14-18, dans un pays encore massivement rural, et s’achève à l’aube des années 80, avec l’avènement du monde moderne, de l’informatique et de la globalisation ; une France d’entre deux âges, d’entre deux siècles. Né durant le mandat du petit père Combes, en pleine querelle anti-cléricale, il meurt durant le septennat de Giscard d’Estaing dans un pays en pleine mutation. Il n’incarne pas une « certaine France », cocardière et paysanne, poujadiste et bougonnante, mais bien la France, la France toute entière. Car à chaque âge de sa vie, il a endossé un nouveau personnage, à qui les cinéastes savaient donner une dimension mythique. Jean Gabin a personnifié tous les visages de ce pays : Titi parisien, chanteur de charme, héros de la classe ouvrière, combattant de la France Libre, revenant désabusé, truand, commissaire, juge, président et gentleman-farmer, le revenant, le patron et pour finir un personnage universel, le père… Mais derrière ses personnages, qu’ils s’expriment avec les voix de Jacques Prévert, Henri Jeanson ou de Michel Audiard, quels que soient leurs origines sociales ou leurs rôles dans la société, aussi divers que contradictoires – flic ou voyou, clochard ou grand patron, ouvrier incarnant la mystique du Front Populaire ou grand homme de la V° République - il reste toujours le même : franc, loyal, courageux, inflexible, parfois jusqu’à l’obstination…"


Ce livre sur Jean Gabin va me valoir de faire d’étonnante rencontres. Je vais participer à une émission de Gérard Miller en compagnie de Marie-Josée Nat et Henri Chapier – qui déteste Gabin. Ce jour-là, dans les studios de Roland-Garros, je salue Philippe Tesson.
Plus tard ce sera ma porte d’entrée pour les émissions de Patrice Carmouze sur Paris Cap, je serais également invité par Michel Field sur LCI en compagnie de Kim Wilde…
J’aurais même l’occasion de faire la connaissance du fils de Jean Gabin, lors de la projection d’un documentaire Jean Gabin, une âme française, de René-Jean Bouyer, sur France 5 en décembre 2015.

La consécration fut de passer dans une émission de Patrice Gellinet, ami de Gabin, sur France inter à 13h30, émission rediffusée à plusieurs reprises.

Un détail, j'ai publié une douzaine de livres chez City, mais je n'ai jamais vu ses deux dirigeants, qui vivent dans un château près de Rouen.

Promenades érotiques en France... 2002 et 2009

Par deux fois, dès 2002 sous le nom d'Yves Le Monnier et en 2009 en équipe avec Marc Dannam, j'ai publié un guide reprenant le contenu des Paris Sexy, mais couvrant l'ensemble du territoire français.

Il s'agissait de concurrencer les guides édités par le petit futé.
On y trouvait toutes sortes de choses.
Clubs libertins Il en existe plusieurs centaines en France. Nous n’avons pas la prétention dans cet ouvrage d’en faire une critique ni même de vous donner des renseignements pratiques – horaires, prix, tenue des barmaids, etc. – sur chacun d’entre eux. Il existent des guides beaucoup plus spécialisés que celui-ci pour vous aider à faire votre choix – si tant est que vous ayez envie de sombrer dans la débauche du samedi soir.
Bar et clubs « gays » …Il en est de même pour les lieux gais ou lesbiens. Décors de romans ou de films érotiques Voilà la première originalité de ce livre !
Les grands textes de l’érotisme, les grands films sont parfois associés à des lieux précis. Vous promenez dans le décor des amours des mésaventures de O, Madame Bovary ou des filles de la Maison Tellier devraient vous donner quelques idées – de promenades évidemment. Décors de grandes aventures sentimentales et érotiques Depuis la publication, au début des années 1960, de la série Les Histoires d’amour de l’histoire de France, de Guy Breton, chacun sait que l’amour et le sexe ont influencé d’importants événements de notre histoire. Nous visiterons donc les décors où s’exprimèrent quelques passions « historiques », les maisons de Diane de Poitiers et celles de la Du Barry, de Joséphine de Beauharnais ou de Ninon de Lenclos. Les classiques !
Lieux de drague C’est évidemment une catégorie particulière d’endroits dont la définition même pose un problème. Les milieux homosexuels et échangistes – autres catégories qui posent des problèmes de définition – se transmettent de bouche à oreille, vraisemblablement sur l’oreiller, des adresses d’endroits en plein air où il est possible de faire des rencontres.
 Lieux rappelant des légendes à caractère érotique Des fontaines miraculeuses rendant virilité et fertilité perdus, des rivières où les fées venaient se baigner nues, les résidences de la Vouivre – la femme serpent naturiste – ou le décor des sabbats et des orgies sataniques… on a de quoi faire. 
Musées Il n’existe qu’un musée de l’érotisme en France, mais quasiment tous les musées des Beaux-Arts comportent au moins une œuvre érotique. Diane au bain, Suzanne et les vieillards, Vénus et Apollon, les prétextes ne manquent pas pour dévoiler de la chair fraîche. Il existe par ailleurs quelques musées qui raviront les fétichistes en tous genres : chaussure, lingerie, etc. Œuvres d’art et monuments érotiques Les places publiques sont encombrées de jeunes gens nus - en bronze !
 Plages Naturistes Il en existe de toute sorte, de la plage d’un « camp » ou d’un secteur naturiste, comme à l’Ile du Levant ou à Montalivet à des plages naturistes sauvages. Nous les visiterons presque toutes, car nous aimons vivre nus. Et oui. Cette promenade sera l’occasion de faire un peu l’historique de ces lieux de vacance particuliers.
Plages « libertines » Si il existe des plages naturistes officielles, il n’existe évidemment pas de plages échangistes officielles, ni même tolérée. L’activité sexuelle en plein aire tombe sous le coup de la loi. C’est triste mais c’est comme ça ! De plus, autant que vous soyez prévenus, ce genre de lieu est souvent le point de rencontre de personnages souvent déplaisants, collants voire pire. Méfiance donc ! Pourtant certaines d’entre elles sont dans leur genre de véritables monuments.
 Plages « homos » De même il n’ya aucune pancarte sur aucune plage disant « attention plage gaie à 500mètres », mais c’est comme ça, certains bout de sable ne sont fréquentés que par les homos depuis parfois plusieurs dizaines d’années. L’instinct grégaire.
 Prostitution d’hier et d’aujourd’hui Nous n’avons aucune sympathie pour la prostitution. Celle d’aujourd’hui sombre à nouveau chaque jour davantage dans une forme de plus en plus sauvage d’esclavage, sous la coupe de réseaux internationaux de proxénétes à qui ont serait bien en peine de trouver le moindre romantisme. Celle d’hier, pour folklorique qu’elle soit, n’était sans doute pas si rose qu’on voulait bien le dire. Nous visiterons pourtant les rues chaudes et l’emplacement des anciens bordels. De même nous ferons quelques pélerinages sur les lieux où vécurent les grandes courtisanes du XIX° siècle. Ces jeunes femmes ne nous ont jamais déçu.
Sex-shops Il faut savoir parfois défendre le petit commerce. « Sex-clubs » gais et saunas Tout comme pour les club libertins, dont les boîtes à backrooms sont la version gaie, nous n’aurons pas prétention à l’exaustivité, mais on essaiera de donner un aperçu de la géographie générale du phénomène.

dimanche 10 mai 2020

Histoire(s) du Paris Libertin

En 2003, en collaboration avec le collectionneur, libraire et éditeur Alexandre Dupouy, je publie Histoire(s) du Paris libertin qui décrit tous les lieux parisiens du passé ayant abrité des activités érotiques. Nous en avions eu l’idée dès la parution du premier guide Musardine du Paris sexy. L’idée avait pris forme lors du salon du livre 2001.

Comme le racontais cet argumentaire : « Paris, capitale du plaisir et de la joie de vivre, a été le décor de millier d'aventures galantes, des histoires d'amour les plus insolites aux débauches les plus extravagantes. Des rois et des reines aux moeurs très particulières, des artistes sachant décrire avec fougue et verdeur les plaisirs de l'amour, quelques femmes impudiques et libres, un décor si propices aux intrigues, tout était en place pour cela. Ce livre, mêlant la petite et la grande histoire, la vérité et la légende, vous propose de découvrir le Paris de l'amour.
Au fil des pages, nous rencontrerons les grisettes et les premières strip-teaseuses, les grandes courtisanes et les modèles des peintres de Montparnasse, Louis XV, le Régent, Casanova, Colette, Mistinguett, les lesbiennes chics américaines, les homosexuels de la Cour et ceux des ruelles, les Comédiennes de la Comédie Française, les habitués du Palais-Royal, les inventeurs de la Photographie érotique, la police des moeurs, les hommes et les femmes nus statufiés sur les places publiques, et mille autres personnages de la grande comédie érotique parisienne. » Le livre bénéficia de l’incroyable collection d’images érotiques rassemblées par Alexandre Dupouy.

Ce livre a été le premier d’une longue série de livres documentaires explorant l’histoire de la sexualité, de la prostitution ou de la nudité. Sa publication a été pour moi l’occasion de faire la connaissance de Brigitte Lahaie que je fus très souvent amené à rencontrer par la suite. Elle animait alors une émission quotidienne à l’antenne de RMC. J’ai découvert alors que Brigitte, Alexandre et moi-même nous étions nés tous les trois durant l’automne 1955.


La presse se fit écho de nos petits travaux. A l'occasion je pu également participer à une émission de Stéphane Bern consacré à Napoléon et l'amour. Sa multidifusion m'apporta une notoriété de bon alois auprès de ma famille...

Parigramme, début des années 2000

Dans un premier temps, j’ai essentiellement publié des livres chez Parigramme, parallèlement au début de ma collaboration avec la Musardine.


La maison d’édition fondée par François Besse venait d’être crée. François, publia d’abord une série de guides de promenades et d’albums traitant de chacun des arrondissements parisiens. Il créa également une collection d’albums, consacrés au Paris de Marcel Proust, ou au canal Saint Martin, dans laquelle prit place Panique à Paname. La collection Paris et à nous, de M. Napias et Sandrine Gulbenkian faisait un carton avec entre autre un livre réédité à multiples reprises, « Où s’embrasser à Paris. »

 En 2001, Parigramme me demande d’écrire un petit ouvrage promotionnel destinés aux premiers bons clients de la maisons d’édition achetant leurs ouvrages par le club Le Grand livre du mois, Les plus belles balades littéraires en France. Je suis étonné de retrouver encore sur internet ce livre en vente alors qu’il avait été diffusé gratuitement…

En 2002, autre expérience, l’écriture du texte d’un album de photographies de Jacques Lebar consacré au Paris éternel. Intitulé en français Paris aux milles visages, il fut publié en anglais sous le titre Fascinating Paris et 18 ans plus tard il est encore en vente dans les boutiques des musées parisiens.


Ce fut la fin du premier épisode de ma collaboration avec Parigramme… Collaboration qui vient de reprendre !

Il y eut encore un dernier livre consacré au Paris Rétro.



L'introduction du guide reste bizarrement d'actualité. "Le « Temps des copains » ou les « années Pop », les années 50, 60 ou 70, semblent aujourd’hui bien loin. Pourtant elles n’ont jamais été aussi présentes - le siège Tam-Tam vendu à nouveau par milliers d’exemplaires, des bars branchés décorés de moquette orange et de plastique blanc, des magasins de disques voués uniquement à la vente de 45tours en vinyle… tout nous les rappelle. Ce retour en grâce d’objets appartenant à un passé récent, considérés il y a peu comme tout à fait ringards, porte un nom : « la mode rétro »
A suivre.