mercredi 12 août 2009

Fantômas, icône pop...


France 2 a re-re-re-re-diffusé hier au soir le Fantômas d’André Hunebelle (1964), une comédie sauvée par quelques détails précieux, tel le look furieusement pop du maître du crime.


Costume sombre – un bleu nuit tirant un peu sur le violet – d'une coupe très ajustée aux hanches, boutonné assez haut ; chemise sombre et cravate assortie, gants noirs, chaussures ou bottines noires… l'ensemble est très classique mais excessivement moderne. Fantômas accepte et détourne les codes de l'élégance masculine intemporelle – costume, cravate – en les adaptant à sa personnalité. Le costume taillé très près du corps met en valeur sa silhouette sportive, la couleur sombre est assortie à la noirceur de ses desseins.
La rencontre entre le classicisme de la coupe du costume et l'originalité du choix des couleurs sombres de la chemise et de la cravate sont typiques de l'époque. Le col de chemise monte assez haut sur le cou, la cravate est fine. Pour le choix de son look, comme dans le domaine de la technologie ou de l'aménagement de son intérieur, Fantômas est à l'avant-garde de la hype. Il porte avec décontraction des costumess, très "swinging London", que n'auraient pas dépareillé la garde-robe de Mike Jagger ou des Kinks, ses contemporains. Le maître du monde doit se fournir à Carnaby Street. Philippe Azoury et Jean-Marc Lalanne dans Fantômas, style moderne définisse le personnage de Fantômas vu par Hunebelle, par l'"éternité d'un visage devenu verdâtre, sans trait, endurci par le temps, mais portant à la pointe de la mode pop, un costume noir au plus près du corps entre Mugler et Yamamoto, cravate sombre sur chemise sombre ».
Son costume appartient aussi à un genre : l'uniforme des "vilains" du cinéma d'aventure ou de la bande dessinée. La disparition visuelle du col et de la cravate rattache le costume de Fantômas à celui des ennemis de James Bond - le Docteur No, Blofeld, Drax… - alors que sa couleur rappelle celle du costume du Joker de Batman. Fantômas n'est pas pour autant une simple fashion victim asservie aux diktats des créateurs, ou aux impératifs vestimentaires liés à sa profession. Il réussit toujours à imposer sa touche personnelle à l'ensemble, grâce en particulier à ce délicieux masque vert qui n'appartient qu'à lui.

Pour en découvrir plus :
Sur la piste de Fantômas, Marc Lemonier, Hors-Collection, 2005