samedi 22 août 2009

Le dernier été de la plage libertaire…




La presse annonce la fin programmée d’une exception délicieuse, la présence tolérée par l’Etat et la municipalité d’Arles de milliers de campeurs sauvages sur la plage de Piémanson, non loin du hameau des Salins de Giraud, près de l’embouchure du Rhône.

La décision était attendue et crainte depuis des années, voire des décennies par les habitants de cet espace de liberté et de douce sauvagerie. Car, selon nos normes et nos principes, qu’ils relèvent du droit, de la sécurité, de l’écologie, du bon goût, eh bien y’a rien qui va ! En apparence, la plage libre de Piémanson est une horreur ! Pas de sanitaires, des camping-cars, des caravanes et des tentes posées au petit bonheur la chance, des habitant qui peu à peu se construisent des petits fortins apaches autour de leurs campements avec les nombreux bois flottés que rejette le Rhône, un seul point d’eau, sur la place des Salins, des « cafés » et des vendeurs ambulants n’ayant pas toujours de licences pour exercer leurs professions… Oui tout cela est certainement intolérable !

Et pourtant !

Comme des milliers d'autres gens plaçant la liberté au rang des vertus cardinales, j’ai passé là bas certaines des plus belles vacances de ma vie, dans une ambiance d’inconfort, d’insouciance et de plaisir parfait, celui que procure le contact direct avec la nature, mais aussi celui qu’offraient à leurs participants ces grands rassemblements libertaires, de Woodstock au Larzac en passant par les fêtes païennes des déserts américains.

Cette liberté est sans doute scandaleuse, et ses conséquences sans doute préjudiciables à la faune et la flore de la plage.

Mais cela n’autorisait pas l’insulte et la caricature : un article d’un hebdomadaire avide de raccourcis sensationnels présente ainsi une photo montrant une jeune fille se baignant à deux pas des raffineries de Fos – à 10 kilomètres à vol d'oiseau! – et affirme que les naturistes de Piémanson occupent "discrètement" un coin du site, alors que la plage est autorisée au naturisme par arrêté préfectoral, gérée par une association depuis des décennies, et qu’elle mesure plus d’un kilomètre de long...

Mais l’argument qui tue, l'argument de trop, consiste à affirmer que la plage est devenue le repère de « voyous en cavales »…


Un blog décrivant la vie quotidienne de la plage en été et une action artistique menée par un photographe :

http://artchivistepiemanson.blogspot.com/